mardi 30 août 2016

Plaisirs d'eau




Bien sûr, il y a la mer, qu'on dit Noire par ici, appellation probablement dûe à ce sable noir qu'on trouve ci et là sur ses rives géorgiennes. Pour nous, ce sera les galets qui ne gâchent aucunement les ploufs aquatiques traditionnels, le va-et-vient entre la plage et l'eau - à 25 degrés (l'eau bien sûr), ça vous change la perception ! Tellement bien que nous prîmes une heure durant notre baignade sous la pluie, tout aussi chaude, après l'orage. Je vous ferai grâce des photos de plage (celle 'au casque' vient du lac d'Arpi)

L'Arménie n'a pas de mer, mais de ses trois "mers intérieures" historiques, reste aujourd'hui politiquement arménien seul le bien connu lac de Sevan, grandiose par sa taille (un sixième du pays tout de même), accompagné qu'il est de nombreux autres lacs de montagnes, souvent aggrandis en réservoir pour ce pays qui en a tant besoin l'été, pour ses fruits surtout.

Sevan, connu aussi pour son monastère, que nous ignorâmes (ce qui nous valut quelques jours plus tard un blâme bien pesé d'un chauffeur de taxi à quelque 150 Km de là), pour se tourner vers les plaisirs aquatiques. Regard tourné vers les vrombissements et les bronzés du coin, ma grande insiste et réinsiste. Le 'oui' était venu tout de suite mais la réalisation tardait sans doute. Donc, au réveil, le temps (négocié) d'un petit-déjeuner, nous enjambâmes le jetski (le truc sur la photo) pour quelques sensations de vitesse. Sans expérience, ils me laissèrent pourant conduire et gérer la manette de gaz (si, si, je l'ai tourné à fond) - d'accord, sous condition qu'un moniteur (un bronzé) reste assis en dernière place 'au cas où'. Génial, vent de face, éclaboussements, virages,..fun! Rebelotte l'après-midi avec cette fois le petit à bord, ma grande qui prend le vent de face et ...Papa à quai pour les photos.

Sevan a aussi sa zone naturelle (et sa zone économique rive Sud); invités à l'improviste et sans chichi par un Franco-Arménien sympa, nous accompagnâmes des ados Français pour une excursion en bateau jusqu'à l'île aux mouettes - Elle porte bien son nom.







dimanche 28 août 2016

Poules et secousses

Moins pondeuses qu'excavatrices, les poules ont marqué de leurs méfaits un bon nombre de routes sur notre chemin, le pompon revenant au tronçon international reliant le poste frontière de Bavra à Ninotsminda. Certes, ce n'est pas la règle générale, loin de là, mais combien de fois avons-nous remarqué le véhicule en face se dirigeant vers nous à faible allure, zizaguant ostensiblement d'une bande à l'autre, recherchant tant bien que mal quelque plat entre les trous. Clairement, ce n'est pas le code de la route qui décide si on roule à gauche ou à droite.  L'expérience n'est d'ailleurs pas que visuelle, vous bénéficiez d'un message gratuit en bonus.

Compagnon de route

A propos de massage, lors d'un arrêt-pause de notre remontée vers le Nord, dégustant rafraîchissements inhabituels à composition atomique (descriptif succint et très juste pour l'occasion, merci ma fille) dans le jardin, aménagé en multi terrasses isolées autour d'une pelouse centrale (ça aussi c'est inhabituel), nous devinâmes que des poules d'un autrre genre proposaient en ce 'café' des massages tout aussi d'un autre genre. Nous en restâmes à la boisson.

Rouge+Vert = Jaune... atomique

Question secousses, on l'a bien cherché aussi pour une excursion en 4x4, style jeep, soviétique, 34 ans d'âge. Presqu'avec magie, ce véhicule grimpeur (toujours toutes ses dents, visiblement) avale les rochers pour nous amener lentement et sûrement à 3300m d'altitude, le lac d'Ukhtasar (Oughtasar sur les sites francophones), au pied de l'ancien volcan homonyme.  Règne là un silence magnifique (que le petiot rend un peu difficile à apprécier, c'est la vie), au bord de ce lac noyé dans la brume et bordé de rochers ci et là gravés de pétroglyphes historiques .

Ukhtasar
Chauffeur embrumé
 
Petroglyphe





Qui dit poules, dit aussi basse-cour et poulailler. Un des tournants (si on peut dire) du voyage fût ce demi-tour en Mercedes en plein milieu des poules et des canards, sans oublier les oies - visiblement, ce n'était pas la bonne route... Question poulailler, essayez une fois le train local géorgien au départ de Khashuri, vers Zestafoni - il fait justement arrêt à tous les poulaillers du coin - avec son charme, bien sûr.

Réserve naturelle du lac d'Arpi - récompense  au bout des secousses
 








vendredi 26 août 2016

Visiteurs du soir

Eh non! Point de cafards ou autres malfrats pour perturber la nuit paisible. Pas même un soulard beuglant sous les fenêtres à Chiva.

Chez Ashot et Gohar
Mais ce soir là, et visiblement comme tous les soirs, survient soudain comme un cacquettement bruyant, un entrochoquement rapide de becs, bref des claquements répétés accompagnés de battements d'ailes très perceptibles. Levez les yeux, levez le nez, c'est tellement évident ce grand nid perché sur un poteau là, oui vraiment là (comment ne l'avions-nous pas remarqué), comme sur les photos de rêve touristique authentique.  Un couple de cigognes (là vous aviez deviné) qui a établi domicile juste au-dessus de notre cour, chez Ashot et Gohar, nos charmants hôtes.



Et puis Maman se couche tandis que Papa cigogne reste debout, perché sur ses interminables pattes, l'oeil alerte surveillant sans relâche. Le claquement reprend, on distingue nettement le long bec s'ouvrir et se refermer rapidement. Emerveillement, nature tout simplement, mais émerveillement quand même. Pour la photo du couple avec Maman debout, on patientera jusqu'au lendemain. Le petit a compris, et s'encours regardeer le lendemain soir aux premiers claquements, qui annoncent le retour de leur vagabondage diurne. Ils restent la nuit, sous notre surveillance à nous - oui, en prime, la fenêtre de la chambre donne pile sur le nid!

Ch'iva (parfois écrit avec une apostrophe quelque part au milieu, c'est pas clair), c'est  le long de la frontière Sud-Ouest, fruit des soubresauts politiques du coin, longeant donc l'enclave azérie du Nakhitchevan, république autonome d'Azerbaïdjan, là où, symbole de la problématique ethnique, l'histoire récente a vu les Khatchkars réduits en miettes. Vu de loin, et probablement à court de connaissances approfondies, la carte politique semble montrer un parallélisme avec l'enclave arménienne du Haut-Karabagh à le frontière Sud-Est.

Chiva (sans apostrophe, pour changer), tout près d'Areni, la vallée aux 300 jours de soleil annuels (disent certains, non-vérifié, mais c'était bien l'endroit le plus sec du voyage), là où on cultive la vigne, produisant ce vin demi-doux (ou demi-sec, c'est selon), que notre hôte nous fera déguster, que l'on vend principalement à la grande fabrique, ou avec plus de doutes (confirmés par notre hôte) dans ces jerrycans en plastique des nombreux ambulants postés aux alentours, côtoyant les piles d'abricots. Mais le vin n'est pas roi à Areni, il s'incline devant maître Cognac (si si, ça s'appelle comme ça, sauf pour l'export je crois), réputé avec raison dans toute l'Europe de l'Est.


Sec en haut, village arboré - typique vallée d'Areni


jeudi 25 août 2016

Monastères arméniens

Consultez les guides touristiques d'Arménie (comme nous, sur internet, technologie recherches et commentaires, sans renier le charme du bon vieux papier) et, après l'inévitable photo du mont Ararat, plus éternel que son arche, vous tomberez bien vite su les recommandations de visiter absolument tel ou tel monastère historique, Tatev, Noravank (littéralement 'nouveau monastère'), Marmashen pour ne citer que ceux vus de nos propres yeux. Sans vouloir froisser le peuple arménien, il faut bien reconnaître que le pays n'est pas riche en bâtiments ou quartiers historiques (l'Arménie a d'autres belles qualités, paysages et hospitalité en tête), bref, ce sont donc les monastères.

Khatchkar Noravank
Sont-ils magnifiques? En soi, non, privilégiés que nous sommes par tellement d'abbayes et autres sites si bien préservés dans nos contrées d'Europe occidentale. Mais, il y a un grand "Mais". Chaque localisation donne une impression monstrueusement positive à chacun de ces monastères, un cachet à la fois esthétique et un sentiment intérieur difficile à exprimer. Comment décrire correctement Noravank, sur un plat de rochers à mi-hauteur de falaise, avec une vue imprenable que ce soit à partir du monastère ou d'en bas en l'approchant progressivement par les gorges. Le roc est plutôt sec par là-bas, c'est la région la plus chaude du pays, des tons jaunes roux, étayés ci et là de terres d'un rouge foncé marqué. Noravank se distingue aussi par son architecture particulière, une église à double étage (en fait, deux églises l'une au-dessus de l'autre).  Comme d'autres lieux, Nouravansk est entourée de ses Khatchkars, stèles en pierre typiques de l'art religieux arménien, gravées d'une croix aux formes arrondies, accompagnée de l'arbre de vie (vigne explicite ou cercle au pied de la croix dans sa version plus symbolique).

Escalier vers église supérieure

Et Marmashen, une localisation si différente pourtant, un îlot paisible de verdure irriguée, au milieu d'une large vallée juste un peu plus sèche. Quel calme, quelle invitation au recueillement. Ici, pas une falaise, pas un accroc, le coeur se détend, l'esprit s'aère. Non, il n'y a plus beaucoup de belles pierres à y voir, mais on conseillerea pourtant la visite, sans hâte. N'oubliez pas de vous faire déposer au bord de la vallée, d'y descendre à pied surtout, de vous laisser le temps d'apprécier, le temps de s'imprégner.

Marmashen
Téléphérique horizontal de Tatev

mardi 23 août 2016

Le Sud à vive allure



Déposés  à un carrefour qui nous  semblait au mileu de nulle part et après un petit remontant (le café bien sûr, une glace pour le petit), nous décidions de lever le pouce pour la première fois, un peu comme çà, sans attendre le minibus aux horaires parfois incertains.


Sacs en poussière au bord du chemin, un vague café avec quatre chaises en face, l'un ou l'autre local désoeuvré qui nous regarde sans en avoir l'air, l'image d'aventure en pays perdu était bien là, exagérée peut-être en ce début de vacances. Et le gamin qui s'amuse avec un tas de graviers poussiéreux ne faisait que rajouter à l'image. L'instant ne dure que quelques minutes, un quart d'heure peut-être. Puis, surgissant de la route secondaire, la voiture s'immobilise et nous hèle ostensiblement. Invitation acceptée, nous chargeons les bagages dans le coffre, et hop, embarqués.

La voiture s'inscrit dans cette impression d'aventure au milieu de nulle part. Lada, âgée de 16 ans, robuse et quelque peu (et même un peu plus) déglinguée. Mais ça roule, et très bien même, fendant l'air à très vive allure (toute proportion respectée, ce n'est pas la piste de Francorchamps) dans un paysage époustoufflant, le plateau montagneux autour de Sissian, à quelque deux mille mètres d'altitude. Mon ado adore! Ca file sans ceinture (y en avait plus je crois), fenêtres ouvertes et deux jeunes gens musclés au volant.


Ils conduisent avec sûreté. "Ils" ce sont deux militaires (pas en uniforme, en pause sans doute), engagés pour au moins trois ans et qui participent au conflit armé de la région (Nagorno-Karabakh), le drapeau d'indépendance flottant au rétroviseur. Sympas et fidèles à l'hospitalité locale, ils refuseront même qu'on leur offre le café lors de la pause en route vers l'inévitable Goris, noeud du Sud arménien.
Vorotan pass

Préambule

Eté 2016 - Des longues vacances pour la première fois depuis longtemps. Destination Arménie et Géorgie avec les enfants. On nous posera souvent la question 'Pourquoi ici' et nous répèterons invariablement les trois mêmes raisons: un dépaysement loin de chez nous, des pays réputés acceuillants (importants quand on voyage avec des enfants), et la possibilité de communiquer grâce à la langue russe, en quelque sorte la seconde langue nationale.

Merci à toi qui m'a suggéré après quelque temps de prendre la plume pour tromper les inévitables petits moments de solitude dans ce voyage de presque 6 semaines. Pas des lettres, pas vraiment un carnet de voyage non plus, mais des "déchroniques". Le "dé" indique que la chronologie n'est pas respectée, une vision plutôt thématique mêlant souvent les jours et les lieux. Le "dé" rappelle aussi le "de-briefing" anglophone, car (avec l'exception qui confirme la règle) je me suis refusé d'écrire sur la journée même, m'imposant un petit recul, léger pour ne point perdre, je l'espère, l'émotion.

Sans trop savoir pourquoi, je m'imposai aussi de respecter un format: 1 page du cahier quadrillé par déchronique, sans plan de page pré-établi, écrivant au fil de la plume, accélérant parfois quand le bas de la page apparaissait brusquement fort proche. L'authenticité de l'original a ses vertus, et si je ne reproduirai peut-être pas mot à mot mes notes manuscrites, je m'efforcerai ici de me limiter à des corrections mineures de langue et aux vérifications orthographiques des appellations locales. Le texte ayant ses vertus propres et pour ne pas en donner une lecture alternative biaisée, les photos que certains ne manqueront pas de réclamer resteront limitées ou alors ajoutées plus tard (dans le blog de la semaine précédente par exemple).

Mon souhait est de garder ce blog public et donc sans citer explicitement les noms, même si mes proches comprendront immédiatement. Public donc communicable - veuillez toutefois communiquer le lien plutôt qu'un copier/coller vers je ne sais où.

D'avance, merci à vous lecteurs -  si il y en a, restons modeste.