mardi 1 novembre 2016

Paix fragiles


Religion et politique dans une même (dé)chronique, c'est la vie. Visite de la cathédrale de Sameba (Trinité), érigée il y a ...quelques années, pour célébrer les quinze cents ans d'autocéphalie de l'Eglise orthodoxe géorgienne (info pour ceux qui ont la flemme de suivre le lien). Sameba donc, que certains diraient dominer la ville mais qui je crois resplendit sur Tbilissi. Malheureusement toujours aussi ignare en icônes, je m'attarde plutôt sur l'architecture, surtout belle par son extérieur. L'esplanade respire la paix, une invitation au calme intérieur, une lumière qui fait oublier le côté obscur des touristes en short (nous y-compris).


Pourtant la paix n'est pas gagnée dans ces contrées. Nous n'allâmes point au Nagorny Karabagh, dont l'Arménie est probablement la seule à reconnaître l'indépendance (même pas me dit Wikipedia, c'est surprenant), mais nous croisâmes des véhicules militaires sur l'unique route du Sud, sans oublier un matin le cortège présidentiel de grosses voitures noires remontant à vive allure et sirènes hurlantes vers Erevan, lors des évènements de prises d'otages. Les rivalités ethno-religieuses ont fait beaucoup de dégâts dans la région et on sent que les frontières politiques évolueront encore. Géorgie et Arménie, les deux pays sont majoritairement chrétiens dans une grande région plutôt musulmane; pour votre prochain 'Trivial Pursuit' (pour 'Minecraft', c'est moins utile), sachez que les deux Eglises partagent les trois même qualificatifs: apostolique (les apôtres André en Géorgie, Thaddée et Barthélémy en Arménie), orthodoxe (donc chrétienne, pour les distraits), et autocéphale (indépendantes). Ils partagent aussi l'esthétisme de leur alphabet national (cliquez Géorgien et Arménien) mais diffèrent fortemment par leur deuxième alphabet respectif (sur les poteaux de signalisation typiquement): latin-occidental pour la Géorgie, cyrillique-oriental pour l'Arménie, plus qu'un symbole du contexte politique, je pense.

Point de guerres ou de risques dans notre itinéraire, je le certifie pour rassurer les grand-mères (les nôtres, pas celles de l'autre chronique), mais un impact tout de même puisque nous dûmes ignorer délibérément certaines régions, Ossétie du Sud en tête, comme un grand trou sur la carte, en conflit, en plein centre de la Géorgie.

Puisse Sameba resplendir au-delà de Tbilissi, puisse le calme paisible des vieux monastères s'étendre par delà les sommets, puisse une paix complète gagner enfin ces  deux pays magnifiques.