vendredi 16 décembre 2016

Khinkalis



Cousin du pelmeni russe et spécialité géorgienne, on dirait une petite sacoche en pâte, au moins cinq centimètres de diamètre, refermée élégament par des plis serrés. Des variantes bien sûr mais le véritable khinkali est fourré de viande de mouton hachée aux herbes, coriandre en tête. A savoir: le khinkali se particularise par la présence de jus dans la sacoche, aspiré dès le premier croc après la prise en main. Décilieux quand authentiques, on eût la chance d'y gouter quand ils étaient préparés "pour eux" et pas "pour nous", de la main aimante d'une mère au four (sans moulin) pour l'anniversaire de son homme de fils - un regard chaleureux celui-là avec une tête absolument biblique, on l'imagine bien en apôtre barbu - non, en fils prodigue, voilà, c'est çà.

Fête d'anniversaire donc au "Fifth Season", maison d'accueil pour randonneurs déjà mentionnée dans ces chroniques, perchée en haut avec ses vues imprenables, mais qui reste humble face à Chaukhi, massif rocheux de la chaine principale du Grand Caucase. La fête semblait privée, organisée à minuit dans cette unique salle mêlant famille et migrants touristiques temporaires; mais l'invitation nous fût répétée et nous finirent donc par prendre place à la grande table une fois le petit confié à Morphée. Ambiance joyeuse évidemment, Maman au fourneau  ainsi qu'une autre dame (la composition familiale, qui donc travaille et qui donc est invité, est restée un peu mystérieuse), sans oublier grand-mère tout de noir vêtue, aux rides marquées mais avec la force pour bêcher un chemin sec, et qui dépose un bisou complice sur la tête de son hirsute de petit fils.

Khinkalis savoureux donc, c'est visiblement "la" chose à proposer pour cette célébration, mais aussi vodka (je n'abusai point cette fois),toasts prononcés par le maître de cérémonie, et accompagnement salés, surtout ce déliceux poisson sec-mais-pas-trop,  à mi-chemin entre la version russe très sèche et le fûmé scandinave mou. Demi-sec, comme le vin donc (pour ceux qui suivent). Le point délicat fût de s'éclipser au bon moment, ni trop tôt pour faire honneur à l'invitation, ni trop tard pour s'incruster dans leur fête. Au lit les migrants.

jeudi 15 décembre 2016

Tiblis à boire



Tiblis, appellation locale de Tbilissi qu'on identifie immédiatement comme "la" capitale du Causase. Ses monuments, sa grandeur, la rivière centrale surplombée du palais présidentiel, la citadelle de l'autre côté, rivière enjambée majestueusement par ce pont dela paix, ultra-monderne réussite. Puis le buzz qui distingue la capitale d'une ville de province, la vie qui bat son plein, toutes ces choses bien connues, mêlées ici au Sud, légèrement parfumé d'Orient.


Après la sieste et la dégustation nocture en cave ce soir là, je dormis peu et arpentai la ville dès 7h30, descendant d'abord le boulevant longeant les vieux murs de la ville, cherchant, vaguement d'abord, une terrasse ensoleillée pour un café et une déchronique à gratter. Point de chance, toutes les terrasses du même côté, à l'ombre, c'est le matin tout de même. Tour de ville, anciennes maisons pittoresques en bois, traversée des rues bar restaurant désertées, puis la place touristique en bas -- avec de belles tables au soleil - c'est même ouvert. Chouette. Hélas, les huit heures sont bien tassées déjà et déjà trop chaud pour y rester assis. Remontée par les pavés, en voici un autre ouvert ! Chouette. Re-hélas, c'est un Italien - pas top pour un café à la turque. Allez, enfin un autre, vrai Chouette. Grattage.

Revenons sur les magasins-caves, très répandus ici, faisant honneur à la réputation des vins géorgiens. Un serveur sympa, décapsulé par deux ou trois phrases en russe, me laisse tester deux ou trois vins avant de choisir mon verre. J'avais requis un rouge sec, même si le demi-sec est plus courant et plus courru, quoique sec par ici reste relativement doux par rapport au standard occidental. Très agréable au palais, assez long en bouche, un peu juste côté nez - et je n'y connais pas grand chose. La production locale semble abondante et de qualité, sans comparaison avec les productions des pays voisins, à ma connaissance. Mes amis arméniens ne m'en voudront pas, le vin géorgien est clairement supérieur, mais point de larmes: le cognac arménien est là pour leur fierté nationale.

samedi 3 décembre 2016

Espace nature


Vastes plateaux arméniens et Grand Caucase géorgien aux pointes aïgues et vallées déferlantes de torrents. Contraste et pourtant sentiment commun d'espace, de respiration, de liberté. Bien sûr les photos, le visuel, mais il ya autre chose - un peu de vécu évidemment. 



L'animal domestique. Voilà peut-être un de ces signes de cette liberté. Point de clôtures ou autres limites artificielles et, si ce n'est pour les moutons, point de "maîtres" non plus. Veaux et vaches paissent paisiblement là où leurs pas les guident. Bien sûr, "on" les rassemble généralement le soir mais cette impression de croiser parfois une vache seule au milieu de la montagne, élément clé de la photo pastorale prise aux lueurs matinales, cette impression finalement que "domestique" n'a pas vraiment la même signification ici.
Curieusement, nous avons plus ouvent croisé des petits troupeaux de veaux en Arménie, sans "adulte maternel" semble-t-il. Leur air un peu perdu, et la taille peut-être, la couleur rousse souvent, leur donnent un je-ne-sais-quoi de mignon, rarement attendu de bovins, occupés en d'autres contrées à regarder passer le train. Et puis ils aiment suivre les routes aussi, réclament leur priorité d'usagers faibles.


 Ma fille s'émerveille évidemment des chevaux en liberté qui, domestiques rappelons-le, se laissent souvent approcher en quête de quelque gratouillement. Plus nombreux dans le Grand Caucase, un peu aussi pour promener le quidam, mais sourtout pour des raisons purement logistiques. Pas des chevaux de trait, mais de véritable chevaux de charge grimpent les chemins montagneux le dos chargés de vivres ou autre chaise (vu), rendant de précieux services là où la voiture n'arrive pas, autant dire la quasi-totalité de Juta, où nous passâmes ces cing belles journées d'espace et de liberté.

Mal de mer

Partis en montagnes, dans une Arménie cerclée de terres, l'attraction des bords de mer pousse les enfants à me convaincre de diriger nos pas (enfin nos roues aussi) en Géorgie vers la mer Noire. Direction Batumi donc, station presqu'aussi célèbre qu'Odessa dans les pays de l'Est.

 Sans bobos auparavant, c'est bien là que nous bûmes la tasse, au propre comme au figuré, seul et peut-être inévitable pépin de santé du voyage. Revenons à la tasse: eau délicieusement chaude, l'enfant sautant sans bornes, emmailloté dans son gilet orange, baignades de très longues durées donc. Et Paf! Dans le piège comme de nombreux primo-arrivants (y a pas que les réfugiés qu'on appelle comme cela). Nos instestins succombèrent méchamment à cete ingestion forcée d'eau de mer (pas noire, bien bleue je vous l'assure). Demi-journée au lit pour les enfants, température la nuit, bref le tralala qui devait bien arriver une fois sur ce long périple. Demi-journée suivante, re-Paf! Cest mon tour, KO sans estomac et sans force, la grande fera les sacs pour deux en préparation du soir.


Eh oui, c'est justement le seul trajet réservé un peu en avance, la traversée en train de nuit de la Géorgie, d'Ouest en Est. Pourquoi ce soir didju (traduction: verdomme)? Départ 1h30, la nuit se passe sans encombres - on dort même - jusqu'au réveil disons brutal du petit qui rechute, avec effet visuel tangible dirons-nous. 7h du mat', nous titubons jusqu'au snack de cette gare-marché de banlieue perdue. Dix minutes plus tard, les deux dorment littéralement sur la table (si si, j'ai la photo). Que faire? La responsabilité paternelle me taraude. Temporiser à Tbilissi? Ce qui se traduira en deux jours à glandouiller à l'hôtel, vu leur état. Décision difficile et pourtant je les réembarque - autant qu'ils dorment dans le minibus si c'est pour dormir, espérant secrètement (les poches bourrées de sachet, on ne sait jamais) qu'ils y dorment réellement (gagné! na!) et que l'air des hautes montagnes à l'arrivée ferait ses miracle. Pari osé (le petit se tenait le ventre au départ) mais réussi: tous deux en grands sourires et gambadant allégrement à l'arriéve. Pffiou! Avait pourtant eu difficile à me convaincre moi-même...

dimanche 6 novembre 2016

Au travers


Rivières, celles qui arrosent les vergers d'Arménie, celles qui en torrent ont façonné le Grand Caucase en Géorgie, celles qui ont creusé ces gorges pittoresques, telles celles du Vorotan en Arménie, rivière que  nous croisâmes et recroisâmes, ou celles de Varzia en Géorgie où nous passèrent deux journées. Justement, l'arrivée au gîte de Varzia demanda là de terminer le chemin à pied, en traversant un pont métallique qu'on aurait crû de loin sans protection aucune.

Au-dessus du Vorotan, un autre pont métallique bien plus long et à usage touristique enjambait la vallée profonde en ondulant ostensiblement pour l'amusement des adultes et le plaisir des petits (grottes de Khndzoresk, comme ça se prononce). Plus spectaculaire, excitation pour le petit et vue splendide pour les autres, le téléphérique 'horizontal' de Tatev, qui vole au-dessus de la vallée jusqu'au célèbre monastère (je sais, j'aurais dû résister pour le lien). Bien plus rapide que la route, ce téléphérique figure au Guiness Book (pardon, Guiness Site) des records.


Khndzoresk





Les torrents se traversent autrement, parfois à poutre comme sur la photo, mais plus généralement à pied, en sautillant-glissant de pierre à caillou. Inévitablement vint celui un peu plus gros (le torrent, pas le caillou) près de Juta (Kazbegi): déchaussés, courage à deux mains, chaussures dans la troisième main, ma fille et moi eurent l'eau jusqu'aux genoux, peinant à tenir face au courant, tenant le petit chou par la (quatrième) main -- pour lui c'était quasiment jusqu'à la hanche - merci Grand Soleil du Caucase pour ton action salvatrice.

Toujours dans la région, un de ces petits torrents, très raviné, fût trop difficile à franchir pour le cheval qui emmenait le petit - eh oui, nous eûrent ce plaisir et privilège d'une balade  à pas normal, puisque les propriétaires de ce magnifique "5th Saison" avaient gentiment accepté de nous louer le cheval sans guide, confiants d'avoir vu ma grande à la manoeuvre. Pour la petite histoire, le cheval traversa finalement plus loin, guidé par notre spécialiste, tandis que les messieurs déchaussèrent une fois de plus.

Au travers des montagnes: l'Ingouchie

Pont de la paix à Tbilissi

jeudi 3 novembre 2016

Stop-rencontres

Tellement facile en Arménie, on prit vite l'habitude de lever le pouce pour avancer plus vite ou pour atteindre des coins non désservis. Ce pouce fût l'occasion de l'une ou l'autre rencontre; pour ne pas ressasser sur les militaires à vive allure de la première chronique, changeons d'anectodes.

Trois jeunes, l'air plus déjantés que pieux nous embarquent en remontant du Sud, après avoir quitté Tatev et son monastère, déjà le deuxième véhicule du trajet. Musique rythmée dans la voiture, conversations enjouées, bref pas vraiment la monotonie. Et voilà qu'on s'arrête (ils nous ont prévenus, pas de lézard) au pied d'une butte dominant Sissian. Pourquoi donc?...Pour allumer quelques bougies au pied de la croix - encore un léger a priori déjoué. Peut-être sont-ils militaires aussi? Il y a une base à Sissian nous dit-on.
Notre dame de Sissian, au pied de la croix
La plus cocasse des rencontres eût lieu près de Varzia, sur une route peu fréquentée en Géorgie, en fait notre seule longue attente d'auto-stop (mal au pouce donc). Faisait chaud. Et la camionette qui s'arrête ! Yes, mais.. Derrière le chauffeur, à même le sol, un nombre indéfini d'adultes, ados, enfants. Plein. Montez, nous invitent-ils tous sourires dehors! On case donc nos gros sacs, on grimpe, le petit sur les genoux de je-ne-sais-qui. "Quand y a plus de place, y en a encore" - véridique. Les photos montrent qu'on y a bien ri là entassés par terre. La belle blonde (si, si, je remarque), souriante au mileu de tous, Géorgienne mariée en France, passe ses vacances en famille 'au pays'. Pour une fois, la conversation ne roule pas en russe (ce qui, en passant, me permet pour une fois de tenir tête à ma fille en fluidité). Par hasard de timing et de pause-café, on retrouvera la camionette vide un peu plus tard et le chauffeur nous déposera encore un peu plus loin.

En vrac, il y eût aussi le papa causant et son fils un matin à Dilijan, un entraineur de football à la voiture confortable (idem pour l'avocat pénaliste) et le fameux couple à la dame habillée en canari; charmants, visite d'un caranvanserail abandonné au col de montagne, photos de nous trois, mais surtout pas de photos d'eux ensemble...

Accessible en pouce

mardi 1 novembre 2016

Paix fragiles


Religion et politique dans une même (dé)chronique, c'est la vie. Visite de la cathédrale de Sameba (Trinité), érigée il y a ...quelques années, pour célébrer les quinze cents ans d'autocéphalie de l'Eglise orthodoxe géorgienne (info pour ceux qui ont la flemme de suivre le lien). Sameba donc, que certains diraient dominer la ville mais qui je crois resplendit sur Tbilissi. Malheureusement toujours aussi ignare en icônes, je m'attarde plutôt sur l'architecture, surtout belle par son extérieur. L'esplanade respire la paix, une invitation au calme intérieur, une lumière qui fait oublier le côté obscur des touristes en short (nous y-compris).


Pourtant la paix n'est pas gagnée dans ces contrées. Nous n'allâmes point au Nagorny Karabagh, dont l'Arménie est probablement la seule à reconnaître l'indépendance (même pas me dit Wikipedia, c'est surprenant), mais nous croisâmes des véhicules militaires sur l'unique route du Sud, sans oublier un matin le cortège présidentiel de grosses voitures noires remontant à vive allure et sirènes hurlantes vers Erevan, lors des évènements de prises d'otages. Les rivalités ethno-religieuses ont fait beaucoup de dégâts dans la région et on sent que les frontières politiques évolueront encore. Géorgie et Arménie, les deux pays sont majoritairement chrétiens dans une grande région plutôt musulmane; pour votre prochain 'Trivial Pursuit' (pour 'Minecraft', c'est moins utile), sachez que les deux Eglises partagent les trois même qualificatifs: apostolique (les apôtres André en Géorgie, Thaddée et Barthélémy en Arménie), orthodoxe (donc chrétienne, pour les distraits), et autocéphale (indépendantes). Ils partagent aussi l'esthétisme de leur alphabet national (cliquez Géorgien et Arménien) mais diffèrent fortemment par leur deuxième alphabet respectif (sur les poteaux de signalisation typiquement): latin-occidental pour la Géorgie, cyrillique-oriental pour l'Arménie, plus qu'un symbole du contexte politique, je pense.

Point de guerres ou de risques dans notre itinéraire, je le certifie pour rassurer les grand-mères (les nôtres, pas celles de l'autre chronique), mais un impact tout de même puisque nous dûmes ignorer délibérément certaines régions, Ossétie du Sud en tête, comme un grand trou sur la carte, en conflit, en plein centre de la Géorgie.

Puisse Sameba resplendir au-delà de Tbilissi, puisse le calme paisible des vieux monastères s'étendre par delà les sommets, puisse une paix complète gagner enfin ces  deux pays magnifiques.

mardi 18 octobre 2016

Jeux divers

En été bien sûr. Soirée à la 5e Saison, gîte planté là en haut (2360 m), le magnifique panorama de ces hauts lieux géorgiens est pris par la nuit, la contemplation s'estompe, l'une ou l'autre âme se rabat sur un jeu. Quatre jeux de cartes et ni deux, ni trois, ni quatre, ni cinq d'ailleurs - sans doute le jeu local commence-t-il avec les cartes de six; petite enquête, non-résolue immédiatement. Internet me dit que le Durak, le benêt national russe, se joue effectivement à 36 cartes (vous-aussi vous savez compter?) mais on nous y apprit un autre jeu le surlendemain, grosso modo les même règles qu'au "couillon" à 24 cartes pratiqué avec mon grand-père, mais ici avec les cartes ouvertes sur la table.

Puis ce jeu traditionnel, dont la disposition me rappella tenacement quelque chose, pas moyen de me rappeler sur place du nom de ce truc avec des grands triangles pointus de deux couleurs, une double surface et beaucoup de pions (depuis j'ai retrouvé le nom évidemment). Dans les rues on observa souvent deux hommes assis sur une quelconque bordure, le plateau de jeu entre eux, remuant ces pions à grande vitesse. Passe-temps favori des chauffeurs de taxi, s'occupant mutuellement entre des courses parfois improbables. Croisées aussi, plus conformes à mes préjugés sur l'Est, des tables d'échec, je veux surtout parler de petits endroits publics aménagés spécialement pour cela.

Par ricochet (jeu pratiqué avec adresse par le garde au lac d'Arpi), ce plateau de triangles pointus me rappelle le salon de coiffure à Goris où deux joueurs y tuaient le temps,occupant l'autre moitié dudit salon. Très, très local et rustique dira-t-on dudit salon: une table tiroir ayant beaucoup vécu, le miroir et les ustensiles aussi. Mais coup réussi (presqu'un jeu de mots): le gamin a trimbalé sa coupe des semaines durant, à notre grand plaisir de le voir ré-énergisé et faisant fondre tous les regards.

Plus prosaïquement, il y eut aussi la petite voiture rouge et le train plastoche pour occuper l'un ou l'autre creux, moins de succès pour les crayons de couleur, difficile de faire tenir une plume à la grande - pourtant douée pour cela - et, inévitablement, grand succès pour les jeux iPhone.  "Inévitablement", l'adverbe qui permet de se cacher, mais à décharge, allez-y pour la créativité alternative sur cinq à six semaines de vacances! Ah si, le frisbee de Haute Montagne.

Gîte "5e Saison"
Hymne à la beauté de la Géorgie


jeudi 13 octobre 2016

Fruits et Légumes

Sud Causase, pays de fruits avais-je cru lire avant le départ. Oui, mais un goût de trop peu en bouche tout de même.  Certes, la noix est reine en Géorgie, cirée en ficelle pour les touristes, plus véritable en sauce gastronomique ou pilée sur aubergine. Certes, elle est accompagnée de son roi en Arménie, l'abricot, lui qui en des temps mémoriaux fût appelé en Europe la 'pomme d'Arménie' selon l'ouï-dire local --  confirmé sur la toile, Mailon armeniacon; pour la petite note historique, les grecs puis les naturalistes nomenclaturiens ont effecitvement associé l'abricot à l'Arménie, mais l'abricot ne faisait que s'y reposer sur son long voyage de Chine (note: à chaque fois que j'entends un truc connecté à la route de la soie, je me demande à répétition si on transportait autre chose que les fourrures scandinaves dans l'autre sens).  On s'égare. Les abricots se vendent partout en Arménie, on en sert plus ou moins partout aussi, nature, confiture (et même distillé remarquerons certains). Et ils sont frais, naturels, tachetés pas-comme-en-magasin (regards dubitatifs des enfants).

Grenadier
Les cerises douces ne croisèrent notre chemin qu'une fois, plus souvent supplantées dans les bacs par des variantes de griottes, rafraîchissantes, mais un peu vives. La grenade, le deuxième fruit que j'avais cru (l'abricot, c'était le premier) lire omniprésent, resta cachée jusqu'au bout - sauf en breloque sur les étals à souvenir -- on finît par en voir des vraies, accrochées au grenadier, sur les hauteurs de Tbilissi.
"Ver à Soie"

La véritable surprise fût ce fruit blanc cassé, comme une framboise allongée de plus grande taille, ceuilli su un grand arbre au fond du jardin. Avec un nom russe qui faisait allusion on ver à soie (tient donc la revoilà cette route), ce fruit nous laissa perplexe (qu'est-ce donc?) mais ravis de la dégustation. Wi-fi nous vint en aide: le mûrier blanc. Bon sang  mais c'est bien sûr: le ver à soie, ça se nourrit aussi ! J'oublierais pesque les melons, que nous avions un peu snobés au début; ils s'avérèrent pourtant délicieux, en pause-voyage bord de route, ou ailleurs - faut dire  que le grand frère pastèque était moins transportable à pattes de gens.

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Ah oui ! Les légumes. Tomates mûres naturellement, ingrédient de la "salade d'été", où elles forment invariablement la paire avec les cornichons (les gros frais et savoureux, pas les petits machins au vinaigre dans un bocal).  Omniprésente, comme souvent à l'Est et dans les Balkans,  la salade d'été est bien seule au menu, sans véritable alternative -- ah si, les aubergines aux noix en Géorgie. La boucle est bouclée.

dimanche 9 octobre 2016

Un grand 'H'

Hospitalité, avec un grand 'H'. Qui définit, caractérise l'Arménie plus que tout, qui vous invite à y revenir. Sans critiquer l'accueil reçu ailleurs, lors d'autres aventures, il faut tout simplemenent admettre que l'Arménie y joue en division d'élite. Cette Hospitalité transpirait au gré des divers accueils tout au long de nos semaines là-bas, de l'hôte semi-professionnel à la grand-mère (une autre) offrant des cerises au gamin passant sur son trottoir; l'auto-stop trop facile pour être vrai, l'accueil spontané dans une fête d'anniversaire (bis repetita en Géorgie pour l'anniversaire d'ailleurs), le coup de téléphone spontané pour vous aider, etcaetera, s'inscrivent dans cette tradition séculaire de l'Hospitalité arménienne.


Laissez-moi seulement vous conter avec plus de détails la balade dans un coin géographiquement perdu, l'encore inconnu parc naturel du lac d'Arpi, aux confins des frontières Nord-Ouest avec la Turquie et la Géorgie.  A défaut d'infrastructure (on peut le dire: l'ambition photographiée sur la carte est très, très au-dessus de la réalité, point d'autres visiteurs je vous l'assure), nous logeâmes sur des lits-paillasse un peu douteux dans le centre administratif du parc, sans possibilité de nourriture autre que les biscuits (les bonbons au dessert, pour varier).

Au matin, refusant de se voir forcer le départ, nous partîmes résolus pour une grande balade, avec l'objectif d'atteindre un petit sommet local, respirer, se laisser avaler par la grandeur des plateaux montagneux, et observer d'en haut notre cher lac d'Arpi. Résolus pour la balade mais aussi résolus d'acheter un pain au petit bonheur dans le village sur la route, sachant que toute maisonnée en cuisait. Nous hélâmes donc une gentille dame qui nous répondit qu'elle en cuirait et insista pour nous inviter au retour de montagne. Grimpée donc, sous le soleil, notre vue adorable (gagné), et... les biscuits. Descente sous l'orage, grelons, trempés. On nous fit signe de loin, nous fûmes accueillis à l'intérieur, et la famille s'affaira à changer le bambin grelottant de la tête au pied (il s'y réchauffa, happy-end pour les grelons, merci), ma fille changée en partie aussi. Puis vint le pain sorti du four (Miam!), les fromages, yaourts, confitures maison, thés chauds, fruits et j'en oublie peut-être...

Vous l'aurez compris, ce n'est pas une affaire d'un peu de pain et de confiture; je n'oublie pas ces regards, cette famille tellement généreuse en sourire, la voisine qui vient voir aussi, et la conversation qui roule en russe - un accueil tellement naturel pour eux. Seule la réciprocité des sourires est une réponse appropriée à cette légendaire Hospitalité.

Accueil à Zorakert.  Merci à vous !

lundi 3 octobre 2016

Espace ville


Vécu à Erevan, répété à Kutaisi, un peu moins à Tbilissi, comme expliqué ci-dessous.  Pour la petite note documentaire, Kutaisi (ou Koutaïssi) est la deuxième ville de Géorgie, capitale de l'ancienne Colchide, là où le bélier fût tondu de sa Toison d'Or

Monument(al) à Erevan
Premiers jours, Erevan, imprégnés de l'innocence des fraîchement débarqués de nos latitudes aux étés plus variables, nous partîmes de bon pied (à défaut de bon matin - difficile avec mon groupe) à la découverte de la ville, poussant même jusqu'à la distillerie (pour cette dernière, râté sur toute la ligne, visite refusée sans rendez-vous). Sueurs et languissements, tel fût notre sort par cette canicule caucasienne, supporté sans doute par l'énergie des premiers jours de vacances.
 
Tel souvent dans les pays qui ont vécu l'influence soviétique, Erevan est parsemée d'endroits monumentaux, aux dimensions démesurées pour une ville de cette taille. Après quelques pas, on y découvre le métro République, station béante, un immense trou prêt à absorber le voyageur,  un puits donc, avec semble-t-il des nénuphars en pierre (mes souvenirs se troublent, non finalement, on les voit sur la photo). Pas un chat évidemment, ce n'est jamais qu'une station centrale...en heure creuse de plein soleil.

Et même à l'endroit pourtant inévitable (surtout ne pas éviter, ne méprenez pas mes propos, la vue est belle), l'escalier monumental (je pèse mes mots) du centre, qui ouvre la vue sur le mont Ararat (ben tiens donc), de nouveau quasi personne; ces grands espaces qui s'ouvrent depuis l'Opéra sont quasi déserts. Oui, de jour, seule Tbilissi aura cette vitalité capable de tenir tête aux places, espaces, statues, et autres monuments démesurés.

Tenue de ville, Kutaisi
Habitués qu'ils sont sans doute, les indigènes dormaient ou vaquaient à quelque occupation intérieure pendant que nous suions, car le soir à Erevan, la vision change. Le centre-ville, au pied du même Opéra, dans ces rues vides de tout à l'heure (c'est français ça?), est bondé de monde, 'habillé nickel' de la tête aux pieds, passant et re-passant, dans la lignée des ces promenades italiennes "m'as-tu vu", tout un peuple en tenue de soirée ou presque.  Spectacle, que nous contemplions (la grande en jupe longue, elle comprend vite), installés dans ces sofas-restaurant en plein centre, favorisés peut-être par notre avantage économique mais loin, très loin, d'être seuls à table.


lundi 26 septembre 2016

Boissons locales

Oui bien sûr, on trouve le jus de pêche ou d'abricot (évidemment), l'international jus d'orange et le plus exotique mais plus rare jus d'églantier. Bizarrement moins de jus de grenade, alors que j'avais cru comprendre avant le départ que la grenade concurrençait presque l'abricot au concours du fruit local.

Concentrons-nous plutôt sur les boissons "pour Papa". Le vin local, réputé en Géorgie? Assez peu consommé somme toute, faute de compagnie peut-être, un bar à vin à Tbilissi, et mentionnons aussi cette bouteille vidée lors d'une soirée passée avec un jeune couple moscovite très sympathique - on aurait presque dit que mon russe passait très bien ce soir là.  A propos de soirée,ne passons point sous silence celle avec deux Arméniens (bon, trois avec la dame qui regardait en souriant) au bord du lac de Sevan - ce qu'on appelle un piège à Vodka, dans le quel je me suis laissé tomber (dans le piège, pas dans le lac) gentimment,  au su de mon plein gré, conscient que les enfants étaient en sécurité, en vision directe. La vodka -- passe encore. Mais le fait-maison distillé d'abricots, celui-là est beaucoup moins bien passé. Rentré dormir "pété", dixit ma fille.  Pas de conclusions rapides, le voyage ne fût pas alcoolique mais on ne pouvait tout de même pas ignorer le cognac arménien, célèbre dans toute l'Europe de l'Est; un verre un soir par ci, un soir par là. Goût légèrement brûlé ou caramélisé, il se laisse apprécier - les hôtes m'en offrirent un verre plusieurs fois d'ailleurs.

Drogué comme je suis, la consommation immodérée fût ailleurs: le café pardi! Moi qui adore ce café préparé à la Turque (en Arménie, on dit autrement, hem).  J'y ai appris à distinguer au premier coup d'oeil à la tasse celui qui sera excellent à savourer de celui qu'on a préparé sans soin, sans amour presque, voire pire, celui qu'on a osé laissé bouillir.  Que c'est doux quand c'est bien fait ! Même sans sucre.
Cuisson artisanale du pain, pour accompagner le petit noir du matin


mardi 20 septembre 2016

Montagnes d'Arménie

Petit Caucase ou autres noms, ces montagnes définissent le relief du pays, d'environ 700m dans la plaine d'Erevan (donc, le plus bas est comme le plus haut de Belgique), à quelque 3500 m pour la plupart des sommets, avec ces larges plateaux (Arpi, Sissian, déjà cités, et tous les autres) ou grands lacs (Sevan) qui s'étendent généralement autour des 2000m. Allons, assez de chiffres, mais comment décrire ces montagnes qui se vivent mieux qu'elles ne s'écrivent? C'est pourtant elles et tout son peuple qui font l'attrait de l'Arménie, enfin mon attrait, devant ces lieux, monastères ou autres, certes magnifiques dans leur environnement naturel, mais aussi tellement ressassés dans ces dépliants faussement abandonnés en présentoir ci et là.

Ces montagnes, nous les croyions d'abord sèches, fort sèches même, en transversant la première passe nous amenant à Chi'va, mais c'était tout simplement l'entrée de la vallée d'Areni, la plus chaude. Changement de décor total en approchant du col du Vorotan, la véritable porte du Sud. Du vert, ce paysage cabossé de vert, un peu pierreux mais pas beaucoup, cette herbe vive d'une quinzaine de centimètres (en toutes lettres, ça fait 'moins chiffres'), ni la prairie tondue, ni la steppe. Et quasi pas un arbre, seul le sombre ci et là des vallons creusés par quelque torrent - ou le bleu d'un de ces lacs réservoir.

Pourquoi si peu de moutons dans ce paradis vert? Deux réponses me fûrent présentées. Le système local corrompu, enfin plutôt maffieux que corrompu (triste découverte, ce n'est pas le cas en Géorgie, sauf au sommet bien sûr), empêche l'initiative et le développement néfaste au 'pouvoir' en place. Autre réponse: l'année est plutôt exceptionnelle, d'habitude l'herbe est plus jaune en cette saison et les troupeaux de moutons ne se trouvent que mille mètres plus haut. Allez savoir. Il y eût de belles histoires d'export, vers le Golfe persique ou plus récemment vers l'Iran mais on me dit que les prix et les salaires s'écroulent l'année suivante.

Trop peu de balades à mon goût dans ces belles montagnes (perception de réticence chez les enfants, aïe le méchant Papa qui l'écrit), mais signalons à mon grand plaisir cette montée d'un sommet local au parc naturel d'Arpi, peu peuplé, zéro touristes (enfin, trois), et ce vert à perte de vue sur le sommet, la vue sur le lac de l'autre côté. Même les grelons d'orage (un premier Août!) ne gâchent pas cela.


mardi 13 septembre 2016

Ô Grand-mères

Mon chaperon rouge à moi n'a que quatre ans, et d'ailleurs c'est un garçon. Loup ou pas loup, peu importe l'histoire, il fait fondre les grand-mères comme un chocolat en plein soleil (donc, lui c'est le soleil). Et il y en eût quelques unes pour nous accueillir. Souvent le même scénario d'ailleurs, vécu en chambres d'hôte ou autre hôtel dit 'familial'. Encore jeunes, enfants partis à Erevan, Tbilissi ou probablement bien plus loin, à Moscou typiquement, fuyant les petits déserts économiques qu'on  dirait toujours plus nombreux. Et donc voilà les parents un peu seuls, dans une maison parfois devenue grande et donc la bonne idée: organiser l'acceuil de passage, se lancer dans le tourisme.

 Même cet hôtel à Akhaltsikhé (littéralement 'nouveau fort' en Géorgien, on l'a 'fait' évidemment), cet hôtel donc, n'est autre qu'une ancienne habitation familiale, tenu par ceux qui fûrent probablement les plus charmants grand-parents de notre périple (zut, c'est trop injuste pour les autres). Confiture grand-mère (bien sûr), aux roses cette fois là (plus original déjà) et nourriture en abondance, mais surtout aux petits soins, ouvrant cette liberté de laisser flâner çà et là mon chaperon rouge que je sais surveillé du coin d'un oeil bienveillant.
 
Nous sommes en Géorgie et la grand-mère est arménienne, trilingue avec le russe, comme il n'y a pas si longtemps une grande partie de la ville à Akhaltsikhé ou d'autres bourgades du Sud Géorgien. Même si la politique récente m'est inconnue, j'observe et j'entends que beaucoup d'Arméniens ont dû partir, toujours cette Histoire qui se répète pour un peuple à l'étroit chez lui et même chez le voisin -- Wikipedia en anglais confirme le census 2014 par rapport au census 2002.

Akhaltsikhé, avant l'orage du soir
Mais que ce petit ex-cursus politique n'enlève rien au souvenir ce ces radieux sourires, que ces grand-mères Arméniennes partagent tellement souvent. Et que la grand-mère Géorgienne ne soit pas jalouse, moins extravertie peut-être mais son grand coeur n'est pas mis en doute! Et puis d'ailleurs, il n'y a qu'elles sur les photos...

Grand mère traditionnelle, Grand Caucase, Géorgie

vendredi 9 septembre 2016

Tubes de l'été

Stromae à la Mer Noire, musique électronique en boucle au "5th Season" dans le Grand Caucase, quelques vieux classiques français à la Joe Dassin, et bien sûr la musique locale -- même s'il nous manquait parfois quelques cléfs pour celle-là. Musique classique, peu ou pas entendue, enfin disons peu ou pas remarquée.

D'autres tubes, jaunes en Arménie et pourpres en Géorgie, décorent ou défigurent (c'est selon) routes et campagnes. Aériens, souvent à 1 m du sol, il s'élèvent régulièrement pour laisser passer quelque route ou autre entrée de propriété; ils ont l'air infinis, en tout cas on n'en voit jamais la fin. Ce n'est pas l'eau, dont la distribution est pourtant cruciale aux temps secs, mais c'est le gaz (comme mes amis spécialistes l'auront déjà deviné). Expertise ou expérience différente, que sais-je, mais là où nous enterrons les conduites chez nous, il est interdit là bas de les mettre en terre (confirmé en Géorgie). Cherchons pas à comprendre, une phrase que ma grande répètera quelques fois d'ailleurs (j'imagine au grand dam des sus-mentionnés spécialistes), elle aussi en découverte de pays aux moeurs, cultures, et normes différentes.

Sans vouloir mettre de l'eau dans mon histoire de gaz, en parlant de tubes toujours, jettons tout de même un oeil à cette centrale de distribution découverte au hasard d'une flânerie. L'image parle d'elle-même (enfin, façon de parler).

Question tube encore, un très grand a été construit pour relier la ville thermale de Djermuk (enfin la rivière à Djermuk, les spécialistes vont encore m'accuser d'imprécision) jusqu'au lac de Sevan; ce lac aurait baissé de 18m au vingtième siècle (dix-huit!) pour satisfaire les besoins en eau du pays. Ce nouvel apport (Vorota-Arpa-Sevan tunnels) a permis de remonter le niveau de quelques mètres - on le stabilise désormais pour ne pas noyer les habitations et autres aménagements plus récents. Quand à  Djermuk, ville vacances bon chic bon genre (rumeur, on n'a pa vu), on n'en connaîtra finalement que son eau minérale omni-présente en Arménie (on dit 'minérale' et pas pétillante ou gazeuse).

Tubes (et pommeaux) de douche nous amusèrent aussi à leur façon. La puissance du jet et le réglage de température témoignent souvent de la qualité variable de l'hébergement (variable côté confort uniquement, stablement élévé côté accueil), même si la météo nous guidait de toute façon vers l'eau froide. Une fois, la boutteille tranchée au canif remplaça le pommeau déficient, au grand rire du petit aspergeant gaiement son papa. Plus drôle fût l'eau qui se coupa alors que le savon  moussant enrobait de blancheur la tête du même petit; rien d'autre à portée de main, on le rinça donc à l'eau pétillante (oups, pardon, 'minérale'), au grand rire de la grande cette fois. Evidemment, l'eau se rétablit juste après...

Ah j'oublias les micro-fontaines publiques à jet vers le haut pour passant assoifé. Quand on presque bouche l'orifice avec un doigt, le jet jaillissant fait beaucoup rire aussi !

Et pour finir en musique:

Chanteur à tube répétitif:  "Léééon, Léééon,.."


mercredi 7 septembre 2016

Grottes d'anniversaire

Certes le lendemain de mes cinquante ans, mais là n'est pas le point. Bien renseignés par la propriétaire de l'hôtel familial (une crème, comme la plupart de nos hôtes) mais décidâmes d'ignorer les taxis à touristes et de prendre tout simplement le minibus à Goris ("mashroutka",littéralement 'taxi d'itinéraire" - les slaves connaissent). Et voilà qu'il nous dépose non-pas à l'entrée touristique de l'attraction locale mais de l'autre côté à Khndzoresk, enfin le nouveau village de Khndzoresk, tout en haut, sur le versant opposé.

Bon, en avant pour une descente du versant creusé de grottes, c'est l'ancien Khndzoresk troglodytique   (c'est l'attraction locale), que tout le monde affirme avoir été habité jusqu'au milieu du ... 20eme siècle. Difficile à imaginer mais on dit la même chose au Sud de l'Italie, du côté de Matera. Sauf que le touriste est censé observer les grottes d'en face comme sur la photo ci-dessus), et non pas descendre depuis le sommet..  (point de départ, la photo ci-dessous).  Descente non pas pénible, même agréable, quoique rendue un peu difficile par les micro-ravins, par Papa qui a oublié de passer autre chose que des sandalettes au petiot, et par le défi de trouver le ou les bons sentiers de chèvre qui pourraient si possible nous mener au grand pont métallique, là en bas, enjambant la vallée et posé là, artificiellement avec pour seul objectif d'attirer les touristes (arrivant eux du bon côté, pour la vue d'en bas si vous avez suivi le raisonnement). Le pont ayant été posé là comme ça, ne croyez surtout pas que la piste que nous apercevons mène au pont... non non, seuls les sentiers de chèvre.
Can you see the bridge down?

Etanchés à la paillotte du pont, nous remontâme l'escalier touristique à la recherche d'un moyen pour rentrer à Goris. Musique dans la seule maison aux alentours, on s'y informe gentiment. Pas le temps de discuter et nous sommes embarqués de force dans la fête qui réunit famille et amis pour le vingtième anniversaire d'une des leurs. Danses, boissons obligées et quelques coups de dents! Ils nous reconduisent finalement à la route principale (auto-stop facile là) sous promesse de raconter partout et à tout le monde que l'Arménie est un pays magnifique, un pays d'accueil. Voilà, c'est fait. Et mérité.


dimanche 4 septembre 2016

Quartiers perdus

Les quartiers perdus sont symboliques et caractéristiques je crois de ces deuxièmes ou troisièmes villes du pays qui n'on pu bénéficier du lustre et de l'attention des capitales. Impression plus marquée à Gyumri et Goris en Arménie, mais retrouvée aussi à Kutaisi en Géorgie.

Gyumri bien sûr, quelque temps appelée Alexandropol au 19e siècle, apogée de l'Empire russe et qui aujourd'hui encore abrite quelques militaires lointains héritiers de l'Empire, pour défendre la frontière avec les lointains héritiers de l'autre Emprire, ottoman celui-là.

Guymri personnalise, malheureusement pas à elle seule, le désastre économique qui a suivi la fin de l'économie soviétique plannifiée, rythmant elle le 20e siècle. Fermeture des grandes usines, plus d'emplois, plus d'argent, bref un 21e siècle qui voit les immeubles, les quartiers, abandonnés à leur triste sort.

Mais que ces immeubles, témoins d'une époque plus florissante, ont gardé leur charme. Ces pierres noires, pas seulement noircies par le temps mais noires de leur propre nature, empilées majestueuesement et avec un esthétisme certain, fournissent à la ville cette impression de grandeur et de beauté passée. Imaginons seulement quel serait le résultat d'un simple ravalement de façade (on comprend mieux en disant 'lifting' je crois) et de quelques réparations d'usure.  Pierres noires oui, mais n'oublions pas leur combinaison typiquement locale avec des pierres oranges marquant les divers contours. Une belle et inhabituelle association de couleurs qu'on retrouve déjà sur la grand-place.  


Noir Orange à Gyumri


Kutaisi, matin ensoleillé
 Ensoleillées le matin, à ce moment privilégie de quelques découvertes en solitaire, un peu lugubres le soir, ces rues aux immeubles un peu perdus dégagent en moi une impression un peu vide, du moins brumeuse, écartelés qu'on est entre l'envie de préserver ce calme paisible et l'envie d'y réinsuffler la vie. Oui, la vie. Le renouveau changerait et perdrait sans doute quelque chose, ce je ne sais quoi de nostalgie peut-être, mais ce serait pourtant très bien comme cela.


mardi 30 août 2016

Plaisirs d'eau




Bien sûr, il y a la mer, qu'on dit Noire par ici, appellation probablement dûe à ce sable noir qu'on trouve ci et là sur ses rives géorgiennes. Pour nous, ce sera les galets qui ne gâchent aucunement les ploufs aquatiques traditionnels, le va-et-vient entre la plage et l'eau - à 25 degrés (l'eau bien sûr), ça vous change la perception ! Tellement bien que nous prîmes une heure durant notre baignade sous la pluie, tout aussi chaude, après l'orage. Je vous ferai grâce des photos de plage (celle 'au casque' vient du lac d'Arpi)

L'Arménie n'a pas de mer, mais de ses trois "mers intérieures" historiques, reste aujourd'hui politiquement arménien seul le bien connu lac de Sevan, grandiose par sa taille (un sixième du pays tout de même), accompagné qu'il est de nombreux autres lacs de montagnes, souvent aggrandis en réservoir pour ce pays qui en a tant besoin l'été, pour ses fruits surtout.

Sevan, connu aussi pour son monastère, que nous ignorâmes (ce qui nous valut quelques jours plus tard un blâme bien pesé d'un chauffeur de taxi à quelque 150 Km de là), pour se tourner vers les plaisirs aquatiques. Regard tourné vers les vrombissements et les bronzés du coin, ma grande insiste et réinsiste. Le 'oui' était venu tout de suite mais la réalisation tardait sans doute. Donc, au réveil, le temps (négocié) d'un petit-déjeuner, nous enjambâmes le jetski (le truc sur la photo) pour quelques sensations de vitesse. Sans expérience, ils me laissèrent pourant conduire et gérer la manette de gaz (si, si, je l'ai tourné à fond) - d'accord, sous condition qu'un moniteur (un bronzé) reste assis en dernière place 'au cas où'. Génial, vent de face, éclaboussements, virages,..fun! Rebelotte l'après-midi avec cette fois le petit à bord, ma grande qui prend le vent de face et ...Papa à quai pour les photos.

Sevan a aussi sa zone naturelle (et sa zone économique rive Sud); invités à l'improviste et sans chichi par un Franco-Arménien sympa, nous accompagnâmes des ados Français pour une excursion en bateau jusqu'à l'île aux mouettes - Elle porte bien son nom.