mardi 18 octobre 2016

Jeux divers

En été bien sûr. Soirée à la 5e Saison, gîte planté là en haut (2360 m), le magnifique panorama de ces hauts lieux géorgiens est pris par la nuit, la contemplation s'estompe, l'une ou l'autre âme se rabat sur un jeu. Quatre jeux de cartes et ni deux, ni trois, ni quatre, ni cinq d'ailleurs - sans doute le jeu local commence-t-il avec les cartes de six; petite enquête, non-résolue immédiatement. Internet me dit que le Durak, le benêt national russe, se joue effectivement à 36 cartes (vous-aussi vous savez compter?) mais on nous y apprit un autre jeu le surlendemain, grosso modo les même règles qu'au "couillon" à 24 cartes pratiqué avec mon grand-père, mais ici avec les cartes ouvertes sur la table.

Puis ce jeu traditionnel, dont la disposition me rappella tenacement quelque chose, pas moyen de me rappeler sur place du nom de ce truc avec des grands triangles pointus de deux couleurs, une double surface et beaucoup de pions (depuis j'ai retrouvé le nom évidemment). Dans les rues on observa souvent deux hommes assis sur une quelconque bordure, le plateau de jeu entre eux, remuant ces pions à grande vitesse. Passe-temps favori des chauffeurs de taxi, s'occupant mutuellement entre des courses parfois improbables. Croisées aussi, plus conformes à mes préjugés sur l'Est, des tables d'échec, je veux surtout parler de petits endroits publics aménagés spécialement pour cela.

Par ricochet (jeu pratiqué avec adresse par le garde au lac d'Arpi), ce plateau de triangles pointus me rappelle le salon de coiffure à Goris où deux joueurs y tuaient le temps,occupant l'autre moitié dudit salon. Très, très local et rustique dira-t-on dudit salon: une table tiroir ayant beaucoup vécu, le miroir et les ustensiles aussi. Mais coup réussi (presqu'un jeu de mots): le gamin a trimbalé sa coupe des semaines durant, à notre grand plaisir de le voir ré-énergisé et faisant fondre tous les regards.

Plus prosaïquement, il y eut aussi la petite voiture rouge et le train plastoche pour occuper l'un ou l'autre creux, moins de succès pour les crayons de couleur, difficile de faire tenir une plume à la grande - pourtant douée pour cela - et, inévitablement, grand succès pour les jeux iPhone.  "Inévitablement", l'adverbe qui permet de se cacher, mais à décharge, allez-y pour la créativité alternative sur cinq à six semaines de vacances! Ah si, le frisbee de Haute Montagne.

Gîte "5e Saison"
Hymne à la beauté de la Géorgie


jeudi 13 octobre 2016

Fruits et Légumes

Sud Causase, pays de fruits avais-je cru lire avant le départ. Oui, mais un goût de trop peu en bouche tout de même.  Certes, la noix est reine en Géorgie, cirée en ficelle pour les touristes, plus véritable en sauce gastronomique ou pilée sur aubergine. Certes, elle est accompagnée de son roi en Arménie, l'abricot, lui qui en des temps mémoriaux fût appelé en Europe la 'pomme d'Arménie' selon l'ouï-dire local --  confirmé sur la toile, Mailon armeniacon; pour la petite note historique, les grecs puis les naturalistes nomenclaturiens ont effecitvement associé l'abricot à l'Arménie, mais l'abricot ne faisait que s'y reposer sur son long voyage de Chine (note: à chaque fois que j'entends un truc connecté à la route de la soie, je me demande à répétition si on transportait autre chose que les fourrures scandinaves dans l'autre sens).  On s'égare. Les abricots se vendent partout en Arménie, on en sert plus ou moins partout aussi, nature, confiture (et même distillé remarquerons certains). Et ils sont frais, naturels, tachetés pas-comme-en-magasin (regards dubitatifs des enfants).

Grenadier
Les cerises douces ne croisèrent notre chemin qu'une fois, plus souvent supplantées dans les bacs par des variantes de griottes, rafraîchissantes, mais un peu vives. La grenade, le deuxième fruit que j'avais cru (l'abricot, c'était le premier) lire omniprésent, resta cachée jusqu'au bout - sauf en breloque sur les étals à souvenir -- on finît par en voir des vraies, accrochées au grenadier, sur les hauteurs de Tbilissi.
"Ver à Soie"

La véritable surprise fût ce fruit blanc cassé, comme une framboise allongée de plus grande taille, ceuilli su un grand arbre au fond du jardin. Avec un nom russe qui faisait allusion on ver à soie (tient donc la revoilà cette route), ce fruit nous laissa perplexe (qu'est-ce donc?) mais ravis de la dégustation. Wi-fi nous vint en aide: le mûrier blanc. Bon sang  mais c'est bien sûr: le ver à soie, ça se nourrit aussi ! J'oublierais pesque les melons, que nous avions un peu snobés au début; ils s'avérèrent pourtant délicieux, en pause-voyage bord de route, ou ailleurs - faut dire  que le grand frère pastèque était moins transportable à pattes de gens.

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Ah oui ! Les légumes. Tomates mûres naturellement, ingrédient de la "salade d'été", où elles forment invariablement la paire avec les cornichons (les gros frais et savoureux, pas les petits machins au vinaigre dans un bocal).  Omniprésente, comme souvent à l'Est et dans les Balkans,  la salade d'été est bien seule au menu, sans véritable alternative -- ah si, les aubergines aux noix en Géorgie. La boucle est bouclée.

dimanche 9 octobre 2016

Un grand 'H'

Hospitalité, avec un grand 'H'. Qui définit, caractérise l'Arménie plus que tout, qui vous invite à y revenir. Sans critiquer l'accueil reçu ailleurs, lors d'autres aventures, il faut tout simplemenent admettre que l'Arménie y joue en division d'élite. Cette Hospitalité transpirait au gré des divers accueils tout au long de nos semaines là-bas, de l'hôte semi-professionnel à la grand-mère (une autre) offrant des cerises au gamin passant sur son trottoir; l'auto-stop trop facile pour être vrai, l'accueil spontané dans une fête d'anniversaire (bis repetita en Géorgie pour l'anniversaire d'ailleurs), le coup de téléphone spontané pour vous aider, etcaetera, s'inscrivent dans cette tradition séculaire de l'Hospitalité arménienne.


Laissez-moi seulement vous conter avec plus de détails la balade dans un coin géographiquement perdu, l'encore inconnu parc naturel du lac d'Arpi, aux confins des frontières Nord-Ouest avec la Turquie et la Géorgie.  A défaut d'infrastructure (on peut le dire: l'ambition photographiée sur la carte est très, très au-dessus de la réalité, point d'autres visiteurs je vous l'assure), nous logeâmes sur des lits-paillasse un peu douteux dans le centre administratif du parc, sans possibilité de nourriture autre que les biscuits (les bonbons au dessert, pour varier).

Au matin, refusant de se voir forcer le départ, nous partîmes résolus pour une grande balade, avec l'objectif d'atteindre un petit sommet local, respirer, se laisser avaler par la grandeur des plateaux montagneux, et observer d'en haut notre cher lac d'Arpi. Résolus pour la balade mais aussi résolus d'acheter un pain au petit bonheur dans le village sur la route, sachant que toute maisonnée en cuisait. Nous hélâmes donc une gentille dame qui nous répondit qu'elle en cuirait et insista pour nous inviter au retour de montagne. Grimpée donc, sous le soleil, notre vue adorable (gagné), et... les biscuits. Descente sous l'orage, grelons, trempés. On nous fit signe de loin, nous fûmes accueillis à l'intérieur, et la famille s'affaira à changer le bambin grelottant de la tête au pied (il s'y réchauffa, happy-end pour les grelons, merci), ma fille changée en partie aussi. Puis vint le pain sorti du four (Miam!), les fromages, yaourts, confitures maison, thés chauds, fruits et j'en oublie peut-être...

Vous l'aurez compris, ce n'est pas une affaire d'un peu de pain et de confiture; je n'oublie pas ces regards, cette famille tellement généreuse en sourire, la voisine qui vient voir aussi, et la conversation qui roule en russe - un accueil tellement naturel pour eux. Seule la réciprocité des sourires est une réponse appropriée à cette légendaire Hospitalité.

Accueil à Zorakert.  Merci à vous !

lundi 3 octobre 2016

Espace ville


Vécu à Erevan, répété à Kutaisi, un peu moins à Tbilissi, comme expliqué ci-dessous.  Pour la petite note documentaire, Kutaisi (ou Koutaïssi) est la deuxième ville de Géorgie, capitale de l'ancienne Colchide, là où le bélier fût tondu de sa Toison d'Or

Monument(al) à Erevan
Premiers jours, Erevan, imprégnés de l'innocence des fraîchement débarqués de nos latitudes aux étés plus variables, nous partîmes de bon pied (à défaut de bon matin - difficile avec mon groupe) à la découverte de la ville, poussant même jusqu'à la distillerie (pour cette dernière, râté sur toute la ligne, visite refusée sans rendez-vous). Sueurs et languissements, tel fût notre sort par cette canicule caucasienne, supporté sans doute par l'énergie des premiers jours de vacances.
 
Tel souvent dans les pays qui ont vécu l'influence soviétique, Erevan est parsemée d'endroits monumentaux, aux dimensions démesurées pour une ville de cette taille. Après quelques pas, on y découvre le métro République, station béante, un immense trou prêt à absorber le voyageur,  un puits donc, avec semble-t-il des nénuphars en pierre (mes souvenirs se troublent, non finalement, on les voit sur la photo). Pas un chat évidemment, ce n'est jamais qu'une station centrale...en heure creuse de plein soleil.

Et même à l'endroit pourtant inévitable (surtout ne pas éviter, ne méprenez pas mes propos, la vue est belle), l'escalier monumental (je pèse mes mots) du centre, qui ouvre la vue sur le mont Ararat (ben tiens donc), de nouveau quasi personne; ces grands espaces qui s'ouvrent depuis l'Opéra sont quasi déserts. Oui, de jour, seule Tbilissi aura cette vitalité capable de tenir tête aux places, espaces, statues, et autres monuments démesurés.

Tenue de ville, Kutaisi
Habitués qu'ils sont sans doute, les indigènes dormaient ou vaquaient à quelque occupation intérieure pendant que nous suions, car le soir à Erevan, la vision change. Le centre-ville, au pied du même Opéra, dans ces rues vides de tout à l'heure (c'est français ça?), est bondé de monde, 'habillé nickel' de la tête aux pieds, passant et re-passant, dans la lignée des ces promenades italiennes "m'as-tu vu", tout un peuple en tenue de soirée ou presque.  Spectacle, que nous contemplions (la grande en jupe longue, elle comprend vite), installés dans ces sofas-restaurant en plein centre, favorisés peut-être par notre avantage économique mais loin, très loin, d'être seuls à table.